Les villes maritimes ou fluviales ont été fortement touchées par les inondations partout sur le globe. Le port à conteneurs de Liège (Belgique) a ainsi été mis à l’arrêt la semaine dernière et la navigabilité de la Meuse a été fortement réduite. Dans les provinces de Rhénanie-Palatinat et de Nord-Westphalie (Allemagne), le Rhin a été fermé complètement aux barges fluviales sur 76km, alors que de nombreuses infrastructures ont été ravagées. Enfin, le cœur industriel de l’Asie de l’Est, la région de Shanghaï et de Zhoushan (Chine), voit son trafic maritime interrompu alors que le typhon In-Fa, responsable des inondations dans le Henan, va toucher la côte. Ces catastrophes météorologiques sont liées au réchauffement climatique : le vice-président du GIEC estime ainsi que chaque degré Celsius supplémentaire aggrave de 7% les pluies et tempêtes. Les villes portuaires, au cœur de l’industrie en Europe et en Asie, sont à la fois victimes des inondations et causes de la pollution industrielle : demain, elles doivent être leaders dans la décarbonation.

La biodiversité des estuaires de la Seine, de la Loire ou du Guadalquivir est particulièrement riche et sensible. Ces secteurs exigent des stratégies spécifiques fondées sur des recherches et des analyses approfondies telles que celles développées par l’Agence d’urbanisme Le Havre – Estuaire de la Seine (AURH) (France) pour sa communauté urbaine. Dans ce document, l’AURH explique, entre autres, les caractéristiques de son territoire en décrivant les espèces identifiées et les réseaux écologiques dans lesquels il s’inscrit. Dans le même sens, le Port de Nantes Saint-Nazaire (France) soutient la recherche dans ce domaine depuis 2011. Deux nouveaux projets, Biotrol et Oxymore, centrés sur la préservation des ressources halieutiques et une meilleure compréhension de l’oxygénation de l’eau, vont permettre de développer les connaissances sur les conditions de vie de la biodiversité locale. En Espagne, le Port de Séville vient d’obtenir la certification « Travailler avec la nature » de l’Association mondiale pour les infrastructures de transport maritimes et fluviales en reconnaissance du travail accompli pour concilier protection de biodiversité et infrastructure.

L’UNESCO, l’organisme des Nations unies chargé de protéger le patrimoine, a décidé, lors de la 44e session du Comité du patrimoine mondial, de retirer Liverpool – Port marchand de la Liste du patrimoine mondial. La raison principale de cette décision : le projet de développement Liverpool Waters et d’autres aménagements, dont un nouveau stade de football, réalisés à l’intérieur du site et dans sa zone tampon, portent atteinte à son « authenticité » et à son « intégrité ». Le site du centre historique de Liverpool et des docks victoriens, pionnier du développement de la technologie portuaire moderne, des systèmes de transport et de la gestion portuaire, avait été classé en 2004 pour sa valeur en tant que centre majeur du commerce maritime mondial aux XVIIIème et XIXème siècles. Il s’agit seulement du troisième site à être déclassé en près de 50 ans. À l’inverse, la ville portuaire chinoise de Quanzhou vient d’être inscrite dans la Liste, illustrant sa valeur en tant qu’emporium maritime au fil de l’histoire ainsi que le rôle qu’elle a joué dans la route maritime de la soie.

Le projet « Saint-Nazaire, une ambition maritime et littorale » pose les grands principes de développement pour les vingt ans à venir pour tout le territoire de Saint-Nazaire. L’appel à projets porte sur différents sites et attend des solutions variées et innovantes. Il se décline sous deux formes : un appel à projets immobiliers « classiques », et un appel à projets « Places à prendre » ouvert à toutes propositions. Parmi les 4 sites concernés par l’appel à projets urbains et immobiliers figure l’Ilot nautique sur le secteur du Petit Maroc, berceau historique de la ville au bord du bassin portuaire de Saint-Nazaire. Et parmi les « Places à prendre », il y a celle de la « Tête d’Alvéole 12 » de la base sous-marine de Saint-Nazaire, un lieu hautement symbolique qui est au coeur du projet Ville Port.

« Porto Antico », le célèbre projet de reconversion du Vieux-Port de Gênes, fêtera ses 30 ans en 2022. Le projet a profondément transformé le vieux port commercial en un espace urbain multifonctionnel attractif accueillant des espaces culturels, des congrès, des expositions, des entreprises, de nouveaux espaces publics, … Cette opération a également contribué à une large réorganisation de la ville et des relations qu’elle a avec son port comme le rappelle dans cet article Alberto Cappato, Directeur de l’Innovation, du développement et de la durabilité auprès de Porto Antico. 2022 verra aussi le lancement de deux nouvelles opérations d’aménagement : à l’Est du Porto Antico le projet « Waterfront di Levante » conçu par Renzo Piano, et à l’Ouest les silos à grains Hennebique seront transformés ainsi que le quai du Ponte Parodi. La mutation se poursuit donc pour Gênes avec l’ambition d’en faire l’une des villes majeures voire la « Capitale de la Méditerranée ».