Avec un chiffre d’affaires de 20,3 milliards d’euros et ses 76 300 collaborateurs dans le monde, le groupe Eiffage est l’un des leaders européens du BTP et des concessions pleinement engagé pour innover, concevoir, construire, maintenir et rénover les villes et les infrastructures de demain. 

Eiffage Génie Civil Marine est la filiale spécialisée d’Eiffage dans les grands projets maritimes en France et à l’international. Ses donneurs d’ordre sont publics ou privés, et Eiffage Génie Civil Marine réalise clés en main au travers de contrats de conception-réalisation de terminaux portuaires (conteneur, vrac, roulier ou croisière), d’infrastructures maritimes pour les complexes industriels (pétroliers, gaziers et miniers), et de projets de développements côtiers ou de protection du littoral.

Son appartenance à Eiffage garantit les qualités d’un acteur global capable de délivrer les projets les plus complexes partout dans le monde avec le même niveau d’excellence, et l’agilité d’un partenaire local capable de mobiliser les énergies et compétences des territoires partout où il intervient.

Aujourd’hui, Eiffage Génie Civil Marine réalise entre autres l’approfondissement du port de Cotonou (Bénin), le port de pêche industrielle de Pointe Noire (Congo), l’extension du terminal minéralier de Freetown (Sierra Léone), le terminal conteneurs de Puerto Antioquia (Colombie), ou encore le port gazier en haute mer Tortue Ahmeyim(Sénégal, Mauritanie), et les infrastructures maritimes de la raffinerie Al-Zour (Koweit).

Eiffage Génie Civil Marine a souhaité adhérer à l’AIVP pour l’année 2023.

Entretien avec Edgar Coulomb, Directeur général d’Eiffage Génie Civil Marine.

“En quelques mots”

Edgar Coulomb ©Eiffage Génie Civil Marine

AIVP – Pourquoi adhérer à l’AIVP ? 

Notre activité est presque exclusivement internationale, avec pour zones principales l’Afrique, l’Amérique Latine et les caraïbes, et l’Europe. Un des objectifs de l’AIVP étant la coopération entre les différents acteurs urbains et portuaires de tous les continents, il nous a donc semblé pertinent d’y adhérer.

Nous connaissons déjà de nombreux membres de l’AIVP, certains sont nos clients, d’autres nos partenaires. Nous entretenons avec eux des relations régulières et avons hâte de rencontrer les autres.

Nos projets portuaires sont tous pluridisciplinaires et doivent être appréhendés comme un trait d’union entre la mer et la ville. Par essence, l’AIVP nous est apparu comme un forum de partage de connaissances et d’échanges entre les acteurs clés de ces projets complexes.

Quai de batelage à Pointe Noire (Congo) © Eiffage Génie Civil Marine

Eiffage Génie Civil Marine et nos autres membres

AIVP – Que pensez-vous pouvoir apporter aux autres adhérents de notre association ? 

Notre métier est de concevoir et de réaliser des infrastructures maritimes avec la particularité d’être dotés en interne une direction technique forte alliant ingénierie des ouvrages maritimes et méthodes constructives. Elle garantit la constructabilité des ouvrages dans des environnements particulièrement difficiles que sont les océans en assurant la sécurité de nos personnels. Les études comme les travaux sont ainsi réalisés en propre par nos équipes, avec notre encadrement, et nos matériels, ce qui permet de capitaliser l’expérience acquise.

Nous sommes très conscients des impacts des projets d’aménagement portuaire sur l’environnement tout à la fois marin et urbain pendant et après la phase de construction.

Notre vision concepteur/constructeur nous permet d’échanger à toutes les étapes de l’acte de construire et avec tous ses acteurs. Ce sont ces mêmes acteurs, maîtres d’ouvrage, opérateurs, armateurs, ingénieurs, architectes, urbanistes, qui sont représentés au sein de l’AIVP, et à qui nous pouvons apporter notre expertise de ces grands projets maritimes qui façonnent le littoral et la ville, et apprendre d’eux.

Une implication en amont nous permet également de mieux comprendre les enjeux d’un projet dans sa globalité, d’intervenir plus tôt avec les acteurs qui façonnent le programme de l’infrastructure, et d’apporter des concepts innovants pour créer de la valeur au lieu de se borner, comme c’est le cas trop souvent, à limiter les nuisances. Je pense en particulier aux aménagements innovants de protection du littoral que nous développons, ou aux dispositions pour la préservation de la biodiversité que nous mettons en œuvre sur le projet de Puerto Antioquia en Colombie grâce à une approche collaborative mise en œuvre très tôt avec l’ensemble des intervenants.

Le môle sud de Callao (Pérou) © Eiffage Génie Civil Marine

Aménager les ports en interface avec les villes

AIVP – Comment arrivez vous à articuler vos activités de travaux portuaires avec les exigences liées au cadre de vie des citoyens ? 

Nos projets de construction portuaire ont en effet souvent lieu en milieu urbain dense et présentent de multiples contraintes.

Le foncier y est très limité, ne serait-ce même que pour les installations nécessaires à la construction, les accès terrestres sont parfois très encombrés voire impossibles dans certains cas, et le plan d’eau sous exploitation permanente. Autant vous dire que peu d’acteurs de la place voient d’un bon œil au premier abord le démarrage de grands chantiers portuaires tant le fonctionnement de la place peut s’en trouver globalement affecté.

La sécurité y est aussi une problématique majeure en raison des interfaces bien plus nombreuses avec les acteurs limitrophes du projet.

Anse du Portier (Monaco) © Eiffage Génie Civil Marine

Pour limiter les impacts sur le cadre de vie des citoyens, nous mettons en place des mesures qui sont ajustées aux spécificités de chaque projet en concertation avec le maître d’ouvrage, les acteurs économiques de la place portuaire, et les gestionnaires d’infrastructures locales. Quelques exemples :

  • En premier lieu, la sécurité de nos collaborateurs comme de toutes les personnes proches du projet doit être assurée en stricte application de notre politique « 100% sécurité »
  • Nous réduisons au maximum les approvisionnements par voie terrestre pour éviter d’impacter la circulation dans les quartiers attenants, mais aussi pour des raisons de sécurité, et privilégions la voie maritime ou la voie ferroviaire quand c’est possible, en concertation avec les autorités portuaires.
  • Nous réalisons les activités les plus bruyantes durant la journée pour éviter les nuisances sonores nocturnes. Le niveau sonore est mesuré en permanence pour rester dans des niveaux de bruits équivalents à l’activité habituelle du port.
  • Les chantiers de terrassements sont arrosés régulièrement pour éviter l’émission de poussières dans l’air.
  • Les travaux maritimes font enfin l’objet de mesures spécifiques pour limiter la turbidité sur le plan d’eau par l’accroissement de matières en suspension.

En complément, nous sommes t conscients de notre responsabilité sociale et prenons des initiatives au bénéfice des communautés locales. Par exemple, nous privilégions systématiquement le recrutement local et la formation de nos compagnons aux métiers du génie civil et à la sécurité. Dernièrement sur le chantier du port gazier Tortue Ahmeyim, nous avons ainsi formé plus de 2000 salariés sénégalais à nos métiers entre 2020 et 2022.

Enfin, de nombreuses actions sociales sont mises en place par nos équipes pour aider et encourager les initiatives des populations proches du projet. Elles prennent des formes très diverses comme par exemple la collecte de déchets sur les plages, la création d’événements sportifs ou encore les opérations gratuites de dépistage volontaire du VIH.

Grand Tortue Ahmeyim, à Dakar (Sénégal) © Eiffage Génie Civil Marine

Génie civil et développement durable

AIVP- Quels sont vos plans pour améliorer la durabilité et réduire l’impact environnemental des infrastructures portuaires ? 

La réduction des émissions de gaz à effet de serre est un des objectifs majeurs du Groupe Eiffage sur lequel des engagements fermes et chiffrés ont été pris. Depuis 2020, nous publions d’ailleurs un rapport Climat annuel qui dresse un état des lieux des actions réalisées ou en cours de réalisation. La volonté d’être acteur de ce processus est portée au plus haut niveau du Groupe.

Notre stratégie bas carbone s’organise autour de deux grands objectifs : d’une part, la réduction des émissions internes et de l’autre, le développement de nouvelles offres bas carbone ou la généralisation de celles déjà proposées par les différentes branches d’activité.

Les objectifs à atteindre, par rapport à 2019, année de référence, sont :

  • Sur les scopes 1 (émissions directes par l’entreprise) et 2 (émissions indirectes par l’entreprise) : réduction de 46% des émissions d’ici 2030,
  • Sur le scope 3 (émissions externes à l’entreprise) amont, réduction de 30% des émissions d’ici à 2030,
  • Neutralité carbone, au plus tard en 2050.
Installation d’un pont suspendu pour animaux sur le projet Puerto Antioquia © Eiffage Génie Civil Marine

Concrètement, sur nos projets maritimes qui sont des ouvrages particuliers, quelques exemples de solutions déjà mises en place :

  • Nos bureaux et installations de chantier sont éclairés par des panneaux solaires, plutôt que par un réseau alimenté par des générateurs,
  • Les eaux usées des terminaux sont filtrées et déshuilées avant d’être rejetées,
  • Nos activités sous-marines sont exécutées après installation de sonars et/ou d’effaroucheurs à mammifères marins pour les détecter et les écarter lors des périodes de travail,
  • Nous proposons à nos clients des alternatives bas carbone pour des équipements de quai à base de matériaux recyclés ou biosourcés par exemple.

Enfin, et car nous pensons que c’est un sujet qui mérite la transparence, les émissions de gaz à effet de serre d’Eiffage sont déclarées chaque année auprès du Carbon Disclosure Project (CDP), organisation internationale à but non lucratif qui gère la plus importante plateforme de reporting environnemental mondial dédiée aux entreprises et aux collectivités.

En 2019, cette organisation a ainsi porté la note d’Eiffage au niveau B, soit deux crans au-dessus de la moyenne du secteur du BTP en Europe fixée au niveau C, reflétant la solidité des méthodes de reporting du Groupe et l’efficacité de ses plans d’action.

Alors oui, le BTP est un secteur « difficile à atténuer », mais cela doit le pousser à faire encore plus d’efforts car des résultats probants sont atteignables.