L’Association des Ports Helléniques (ELIME) est une société civile à but non lucratif qui compte 13 autorités portuaires grecques et 13 des plus grands fonds portuaires. L’Association vise à relever les principaux défis que rencontre l’industrie portuaire internationale en Grèce, à savoir la transformation numérique, la transition verte vers des pratiques respectueuses de l’environnement et des sources d’énergie renouvelables, ainsi que la construction, l’expansion et l’amélioration des grandes infrastructures portuaires.

Interview de Demetrios Iatrides, directeur général de l’association.

L’Association des Ports Helléniques est membre de l’AIVP depuis 2023.

“En quelques mots”

AIVP –L’Association des Ports Helléniques est un réseau unique qui joue un rôle très important en Grèce. Pouvez-vous nous présenter votre structure et nous expliquer en quoi consiste sa mission ?

C’est un grand honneur et un plaisir pour notre association de rejoindre l’AIVP, un extraordinaire réseau de villes et de ports qui se consacre à tisser des liens à l’échelle mondiale entre des membres influents.

L’association des Ports Helléniques regroupe les 13 autorités portuaires grecques, certaines sous contrôle de l’État et d’autres réunissant une majorité d’investisseurs privés, ainsi que 13 grands fonds portuaires. Notre organisation regroupe les Ports du Pirée, de Thessalonique, d’Héraklion, d’Igoumenitsa, de Corfou, de Patra, de Volo, d’Éleusis, de Lavrio, de Rafina, de Kavala, d’Eubée et d’Alexandroupolis. Les fonds portuaires réunissent Mykonos, Santorin, Rhodes, Kos, Katakolon, Ios, Lesbos, Tinos, Syros, Milos, Chania, Réthymno, la Crète et Skiathos. L’industrie portuaire grecque revêt une importance stratégique et elle est en plein essor. Nous exerçons un rôle de représentation à tous les niveaux et auprès de toutes les instances, notamment l’Organisation européenne des ports maritimes (ESPO), qui nous compte parmi ses membres engagés depuis longue date. Nous avons aussi rejoint, il y a quelques mois, l’International Association of Ports and Harbours (IAPH) et la MedPorts, l’association des ports méditerranéens. Une démarche qui renforce notre présence internationale et souligne notre volonté d’ouverture. Même si nous contribuons régulièrement à la formulation de propositions politiques et d’initiatives législatives au sein du Parlement grec, notre association s’attache avant tout à promouvoir et soutenir les positions des ports helléniques aux niveaux européen et international, avec en point de mire la croissance économique, la création d’emplois et, en particulier, les besoins des communautés locales, des régions et de la société. Dans la conjoncture internationale complexe que nous connaissons aujourd’hui, notre association contribue activement, par ses propositions et ses interventions et par ses négociations avec les parties prenantes, au développement de la politique portuaire internationale.

Une transition dynamique pour les ports grecs

AIVP – Quels sont les principaux objectifs que le secteur maritime et portuaire grec s’est fixé pour 2023 en termes de développement ?

2023 est une année décisive pour l’industrie portuaire de notre pays. Plusieurs ports sont en cours de privatisation, à savoir Igoumenitsa, Kavala, Héraklion et Volo. Le processus est plus ou moins avancé selon les cas. Un investisseur potentiel a été désigné pour une prise de participation majoritaire dans le Port d’Igoumenitsa, port majeur de Grèce occidentale pour le transport passagers et fret. Un autre investisseur est pressenti pour la sous-concession du port de commerce Philip II de Kavala, au nord du pays, et deux autres offres fermes viennent d’être faites pour acquérir la majorité des parts du Port d’Héraklion, le plus grand port de Crète pour le trafic passagers et marchandises. Par ailleurs, 8 entreprises et groupes d’entreprises ont fait part, dès le mois de mars 2023, de leur intérêt pour une prise de participation majoritaire dans le port de Volo, important port de commerce de la mer Égée en Grèce continentale, et les procédures de vérification diligentes sont en cours. De toute évidence, ces infrastructures stratégiques attirent beaucoup l’attention des investisseurs et groupes d’entreprise, lesquels sont nombreux à rivaliser pour leur acquisition. De leur côté, les ports grecs se sont engagés dans de vastes programmes d’investissement, dont certains sont déjà en cours d’exécution, visant à rénover, réaménager, moderniser et agrandir les installations existantes ou bien à en construire de nouvelles à la pointe des technologies, et ce, toujours en collaboration avec les municipalités dans la mesure où tous nos ports sont historiquement implantés dans le tissu urbain. C’est dans un tel contexte, favorable à la création de réseaux et de partenariats internationaux, que les projets d’investissement voient le jour et que se poursuit le réaménagement des espaces terrestres. Notre pays étant situé au carrefour entre l’Asie et l’Afrique, toutes ces initiatives facilitent l’accès et la circulation des passagers et des marchandises, à l’échelle nationale, méditerranéenne, européenne et mondiale.

Dans le même temps, les ports grecs se trouvent dans une phase de transition dynamique, et toutes les mesures nécessaires sont prises pour relever les grands défis auxquels sont aujourd’hui confrontés notre pays et l’Europe dans son ensemble, comme la guerre en Ukraine, aux portes de l’Europe, les conséquences de la crise sanitaire liée à la pandémie, la crise énergétique et ses implications financières pour les citoyens. Des défis exacerbés par l’agitation récente du secteur bancaire, l’incertitude financière à grande échelle et le ralentissement de la croissance du commerce international pour 2023 annoncé par l’Organisation mondiale du commerce, sans compter, naturellement, les défis liés à la satisfaction des besoins spécifiques de notre secteur : la transition verte et la transformation numérique. C’est dans cette optique que nous défendons activement auprès des instances internationales l’utilisation des énergies renouvelables et d’autres formes d’énergie propre par l’ensemble des acteurs de l’écosystème portuaire, le déploiement du courant de quai ainsi que l’adoption du modèle « smart port » avec toutes les implications positives que cela comporte pour l’environnement, la consommation d’énergie, les activités portuaires, la sécurité, la planification des scénarios, la gestion des crises et la prévention de la pollution.

La transition énergétique comme priorité

AIVP- En ce qui concerne le développement durable, quels sont selon vous la principale priorité et le principal enjeu pour les ports et le secteur maritime grecs ?

Il est plus qu’évident que la mise en place du règlement de l’UE sur le déploiement d’une infrastructure pour carburants alternatifs va supposer d’investir massivement dans les installations électriques terrestres. Ce besoin d’investissement sera d’autant plus important que nos ports sont situés en ville et que la capacité de notre réseau électrique devra être adaptée pour répondre efficacement et à tout moment à une forte demande.  Par ailleurs, le règlement FuelEU Maritime va nécessiter de gros investissements en infrastructures GNL, hydrogène, ammoniac, méthanol et autres carburants alternatifs afin de pouvoir accueillir tout type de navires et répondre à plusieurs types de scénarios, dans la mesure où aucun carburant n’a pour le moment été privilégié que ce soit par le secteur maritime, les entreprises ou la réglementation en vigueur. Les ports membres de notre association se trouvent tous à des stades d’avancement différents en la matière.

Concernant la décarbonation, soulignons que l’intégration des activités maritimes dans le système communautaire d’échange de quotas d’émissions ne doit pas négliger les conditions juridiques de la proportionnalité dans l’application du principe de « pollueur-payeur », et ce, afin de préserver la compétitivité de l’Union en matière de transport maritime. Une priorité vitale également pour l’économie de notre pays puisque près de 60% de la flotte européenne, et 21% de la flotte mondiale, sont contrôlés par des armateurs grecs.

Dans ce contexte, il est nécessaire de garantir des financements qui soient à la hauteur de la dynamique de la transformation enclenchée dans la secteur portuaire, la plus grande mutation de l’histoire du XXIème siècle. Pour conclure, nous voyons notre adhésion à l’AIVP comme un privilège, et nous sommes prêts à nous lancer dans une étroite collaboration avec ses membres, à communiquer et à échanger des points de vue, des idées et des propositions en faveur d’initiatives et de projets au bénéfice de nos citoyens et des citoyens du