Article par Tiziana Murgia, directrice de la communication d’Assoporti.

Women in Transport – le défi pour les ports italiens

Tiziana Murgia, directrice de la communication d’Assoporti.

À une époque où l’actualité internationale nous rappelle que les droits fondamentaux des femmes sont menacés dans certaines régions, la question des conditions de travail des femmes mérite également d’être évoquée dans les pays développés et industrialisés. En effet, le rôle des femmes dans le secteur du transport figure parmi les grands sujets liés à la valorisation du capital humain dans les ports et zones environnantes. Cette question essentielle a été portée devant l’Union européenne à plusieurs reprises, avec des résultats plus ou moins concluants. Une chose est sûre, le nombre de femmes travaillant dans ce domaine est encore très faible dans toute l’Union européenne et plus particulièrement dans le Sud de l’Europe.

Si, d’un côté, l’Union européenne a mis en place en 2017 une importante initiative baptisée « Les femmes dans le transport », il reste, dans la pratique, encore beaucoup à faire, le rôle des femmes n’étant pas significatif, que ce soit de par leur nombre ou de par les postes qu’elles occupent.

Dans l’une de ses premières communications officielles adressées à l’Association des ports italiens, le nouveau ministre des Infrastructures et du transport durable a demandé expressément la mise en place de nouvelles initiatives destinées à lutter contre les inégalités de genre. Dans cette optique, l’Association des ports italiens a constitué un groupe de travail composé de représentants de chaque autorité portuaire chargé de mettre sur pied des actions utiles visant à réduire les inégalités de genre.

Le projet « Les femmes dans le transport – le défi des ports italiens » prévoit que le Réseau des autorités portuaires italiennes engage une première action que sera ensuite étendue à toutes les structures portuaires, notamment aux opérateurs de terminaux et aux opérateurs portuaires en général. La démarche est en accord avec les Objectifs de développement durable de l’ONU ainsi qu’avec les dispositions prises par l’Union européenne dans le cadre du plan de relance Next Generation EU.

Le groupe de travail a donc élaboré un Pacte pour l’égalité entre les hommes et les femmes, déjà ratifié par le réseau des autorités portuaires qui travaille dorénavant à son application dans les différents ports du pays afin de promouvoir l’intégration des femmes et réduire les inégalités de genre dans le milieu portuaire.

Cela implique de travailler à la valorisation des activités réalisées par les femmes dans les ports et de définir des politiques adaptées. Cela implique aussi d’associer les femmes au processus décisionnel et de les faire participer aux étapes clés de l’élaboration des textes destinés à améliorer le statut des femmes sur le marché du travail. Pour un pays du sud de l’Europe et un secteur où les décisions sont traditionnellement prises par les hommes, essentiellement pour des raisons culturelles, cela constitue un véritable changement de paradigme.

Pour aller au-delà des déclarations d’intention, le groupe de travail va étudier la faisabilité et la mise en application concrète du projet. Il va également réfléchir à la mise en place d’une plateforme de discussion en ligne sur les bonnes pratiques et les exemples à suivre en matière de réduction des inégalités de genre.

Le pacte a été présenté au ministre et sa réponse ne s’est pas fait attendre. Comme on l’a déjà dit, l’égalité femmes-hommes est encore loin d’être une réalité dans le secteur du transport italien et le ministre a fait savoir que le texte devait être diffusé le plus largement possible.

De manière plus générale, le rapport sur la parité entre les hommes et les femmes publié par le Forum économique mondial en mars dernier place l’Italie au 63e rang sur 156 pays du monde, peu brillant pour un pays européen. Si l’on en croit ce rapport, la parité femmes-hommes recule d’une génération. Alors que l’impact de la COVID-19 continue de se faire sentir, le temps nécessaire pour combler les inégalités femmes-hommes a augmenté d’une génération, passant de 99,5 ans à 135,6 ans. La pandémie ne doit toutefois pas servir d’excuse pour remettre à plus tard les étapes essentielles menant à la construction d’une société tout à fait durable.

Il faut impérativement que le secteur aille de l’avant car, en dépit des nombreux débats qui ont eu lieu sur les inégalités de genre, peu de choses ont été faites pour améliorer la situation des femmes dans les chemins de fer, l’aviation et le transport maritime.

Karla Figueroa Mex, Esperanza Reyes Gutierrez, Port of Progreso, Mexico. Photo from IMO

Italian Port Days

L’ambition et les grands objectifs du groupe de travail réunissant les ports italiens seront présentés à l’occasion des « Italian Port Days ». La couleur du logo choisie pour ces journées 2021 correspond à l’objectif 5 de l’Agenda des Nations Unies et des événements seront organisés dans tout le pays afin de marquer la signature du pacte et donner la parole aux femmes les plus engagées.

Précisons tout de même que les présidents et secrétaires généraux des autorités portuaires italiennes sont tous des hommes et que, par conséquent, la prise de décision ne revient actuellement pas aux femmes. C’est aussi le cas pour les associations professionnelles et le syndicat national.

Cette importante initiative qui vient tout juste d’être lancée pourrait bien changer le futur des ports italiens. À cet égard, le nouveau gouvernement pourrait renverser l’ordre établi en valorisant les nombreuses femmes qui travaillent depuis longtemps dans le domaine et qui ont su atteindre un haut niveau de professionnalisme.