Le port de Nantes-Saint-Nazaire est situé dans l’estuaire de la Loire, face à l’océan Atlantique. Pour les fleurons de l’industrie française et les entreprises du Grand Ouest de la France, il joue un rôle important dans les approvisionnements et les expéditions nationales, européennes et internationales. Port industriel, port énergétique, port marchand, il est aujourd’hui un acteur majeur de la transition énergétique et écologique.  

Interview de Pascal Fréneau, Directeur Général Adjoint et Membre du Directoire de Nantes-Saint-Nazaire Port.

“En quelques mots”

AIVP – Pouvez-vous présenter brièvement votre port aux membres de notre réseau international ?

Nantes Saint-Nazaire Port est l’un des sept grands ports maritimes de la France métropolitaine. Il accueille chaque année environ 2 500 escales de navires, soit un trafic total de l’ordre de 30 millions de tonnes de marchandises. Le domaine portuaire, qui s’étend sur 70 km, le long de l’estuaire de la Loire, présente une surface de  2 622 ha, dont 1 077 ha d’espaces naturels, 1 460 hectares de zones portuaires, logistiques et industrielles aménagées, 25 ha de réserve foncière à vocation industrialo-portuaire, 60 ha de sites historiques en zone urbaine, essentiellement dans les villes de Nantes et de Saint-Nazaire.

Nantes Saint-Nazaire Port est un acteur du développement durable du territoire, au service des générations futures. Il est pleinement engagé dans la transition énergétique et écologique. Notre projet stratégique pour la période 2021-2026 s’articule autour de trois objectifs majeurs : réussir la transition énergétique et écologique, conforter le rôle de porte maritime du Grand Ouest, servir le développement économique et social de l’estuaire de la Loire.

Concrètement, il s’agit, pour pallier la baisse annoncée des énergies fossiles, d’activer trois relais de croissance : développer des services en faveur des trafics de vracs et de marchandises diverses, dont les conteneurs et le roulier, au bénéfice des entreprises du Grand Ouest, valoriser le domaine, en conduisant notamment des projets immobiliers logistiques et tertiaires, favoriser le développement de la filière émergente de l’éolien offshore, posé et flottant.

Nantes Saint-Nazaire Port est par ailleurs un formidable terrain d’expérimentation : énergies marines renouvelables, solaire, production d’hydrogène, propulsion vélique pour le fret maritime…

La ville de Saint-Nazaire et son port en arrière plan
©NSNP-F.Badaire

“Une expertise dans le développement industriel”

AIVP – Que pouvez-vous apporter au réseau de l’AIVP ?

Partager notre expérience, nos idées, nos bonnes pratiques. Prenons l’exemple des projets de requalification urbaine en cours. Ils nourrissent différentes thématiques : l’urbanisme, bien sûr, mais aussi la concertation avec les habitants, la gouvernance associant les élus locaux, la captation de valeur en faveur de l’économie de Nantes Saint-Nazaire Port, l’ingénierie financière, la contribution à l’image du territoire…

Nous pouvons aussi partager notre expertise sur le développement industriel, sur la conduite d’appels à manifestation d’intérêt, sur la gestion des espaces naturels, sur le développement de l’éolien offshore. Je rappelle qu’en 2022, nous avons contribué à la construction du premier parc éolien en mer de France, au large de Saint-Nazaire.

14 000 panneaux solaires installés en 2022 au nord du terminal méthanier de Montoir de Bretagne ©NSNP-F.Badaire

“Le projet EOLE, s’adapter à l’éolien offshore”

AIVP- Vous développez le projet EOLE pour mettre en place une base d’intégration industrielle pour l’éolien offshore. Pouvez-vous expliquer l’importance de ce projet pour la transition énergétique de votre port et les nouveaux emplois qu’il pourrait créer ?

Un nouveau mix énergétique va s’imposer à l’horizon 2050. Nous souhaitons anticiper le développement massif de l’éolien flottant, qui va nécessiter des infrastructures portuaires spécifiques. L’idée est de mettre en place une base industrielle d’intégration, c’est-à-dire un lieu de montage des éléments (flotteur, mat, turbine, pales…) avant expédition maritime de l’éolienne assemblée vers le champ. Notre projet Eole intègre le redimensionnement d’une infrastructure existante, à Saint-Nazaire, susceptible de répondre aux besoins industriels, en particulier l’accueil de composants très grands et très lourds. Elle disposera d’équipements permettant de traiter, notamment d’assembler, des colis de plusieurs milliers de tonnes.

En 2021, la filière des énergies marines renouvelables représentait 6 500 emplois en France. Avec la volonté de l’Europe d’augmenter à 300 GW la production d’électricité issue de la filière éolien offshore à l’horizon 2050, le besoin en ressources humaines devient très important. La future filière française pourrait ainsi générer jusqu’à 20 000 emplois directs et indirects d’ici à 2035.

Projet EOLE-Phase de sondage et phase de déploiement ©NSNP-F.Badaire

“Smooth Ports: un projet d’innovation pour réduire le CO2”

AIVP- Vous venez de terminer le projet européen “Smooth Ports”, qui s’inscrit bien dans l’objectif 3 de l’Agenda 2030 AIVP : la mobilité douce. Pouvez-vous nous présenter les principales conclusions de cette initiative pour réduire les émissions des flux routiers liés à l’activité portuaire ?

Initié en 2019 par la Ville-État de Hambourg dans le cadre du programme Interreg Europe, le projet Smooth Ports visait à identifier des solutions pour réduire les émissions de CO2 liées au trafic routier dans les ports. Hambourg cherchait des partenaires pour ce projet. Avec le soutien de la Région des Pays de la Loire, nous avons saisi l’opportunité de présenter nos bonnes pratiques et de s’inspirer, en contrepartie, des projets et réussites des autres ports engagés dans la démarche : Livourne, Varna, Monfalcone, Trieste. Cette collaboration était structurée en trois phases.

Dans un premier temps, nous avons procédé à l’évaluation des émissions routières de CO2 sur chaque zone portuaire.  

Ensuite, nous avons recensé les outils déjà en place pour réduire ces émissions. Nous avons ainsi présenté nos réalisations, telles que la distribution de carburant alternatif, avec l’ouverture d’une station GNV, ou la modernisation du guichet unique réglementaire, qui permet de limiter les “kilomètres parasites”. Nous avons également présenté nos travaux pour fluidifier la circulation sur la zone industrialoportuaire avec l’application “A Bon Port”, lancée en juin 2020, qui permet d’informer en temps réel les utilisateurs du réseau routier des travaux et ouvertures des ponts sur le secteur de Saint-Nazaire. 

Enfin, la troisième étape était celle de la conception d’un plan d’actions spécifique, visant à conserver localement la dynamique du projet Smooth Ports après sa fin officielle, début 2023. Il s’est naturellement inscrit en pleine cohérence avec notre projet stratégique, centré sur la transition énergétique et écologique.

Tous les résultats et les informations sur ce projet triennal sont consultables sur https://projects2014-2020.interregeurope.eu/smoothports/

Le Guichet unique réglementaire ©NSNP-F.Badaire