Contexte et Objectifs

Portée par BLUMORPHO avec le soutien de l’AIVP (Association Internationale des Villes Portuaires) et de la Fondation Prince Albert II, l’initiative « Financer l’Innovation Maritime et les Infrastructures pour le Climat et l’Océan » réunit des acteurs des écosystèmes urbano-portuaires, des entreprises innovantes, des industriels et des institutions financières. Son objectif principal est de favoriser la collaboration dans la conception et la mise en œuvre de mécanismes de financement adaptés aux besoins complexes de chaque partie prenante, afin d’accélérer la transition écologique et sociétale des villes portuaires.

1. Les villes portuaires comme orchestratrices de la transition

De nos échanges avec les parties prenantes des villes portuaires, il ressort clairement que leurs ambitions vont bien au-delà de la seule décarbonation maritime et de la production d’énergie. Les villes portuaires ne sont plus de simples points de transit : elles deviennent des plateformes stratégiques de la transition industrielle post-fossile. À travers le développement de zones industrielles et la structuration de chaînes de valeur résilientes et circulaires, incluant la captation du carbone, les carburants alternatifs et la modernisation des navires, elles maximisent leur contribution à la transition énergétique et écologique.

Cette transformation ne concerne pas uniquement l’environnement : elle intègre également des enjeux sociétaux tels que l’inclusion, la sécurité, l’emploi et la santé publique. À ce titre, les villes portuaires s’imposent comme des acteurs centraux de la résilience climatique et sociale, grâce à leur forte capacité de gouvernance et à leur potentiel de collaboration public-privé. Leur capacité à intégrer des secteurs économiques adjacents, comme l’aquaculture, le tourisme ou la protection de la biodiversité, renforce encore leur rôle d’orchestratrices d’une transformation systémique.

2. Les villes portuaires comme catalyseurs d’un impact à grande échelle

L’innovation est indispensable pour permettre aux écosystèmes portuaires d’atteindre leurs objectifs économiques, environnementaux et sociaux. Les ports de San Diego, Bordeaux et Barcelone montrent l’exemple en développant des modèles de collaboration avec des start-ups, notamment à travers des co-investissements dans les phases de démonstration, de test et de passage à l’échelle.

Les domaines d’innovation sont vastes, allant des solutions fondées sur la nature à l’intelligence artificielle et à la gestion des données pour l’optimisation opérationnelle et la planification de la résilience.

La montée en puissance de ces innovations repose souvent sur une approche écosystémique : les chaînes de valeur doivent être structurées dans leur intégralité , de la production à l’usage, pour libérer la rentabilité. Qu’il s’agisse d’énergies renouvelables, d’aquaculture, de séquestration carbone, d’économie circulaire ou de développement touristique durable, la logique écosystémique permet aux villes portuaires de devenir des zones d’investissement fiables et à fort potentiel.

3. Le rôle de la finance : opportunités et dynamique

Cette initiative a démontré que lorsque les opportunités d’investissement sont bien structurées, les financements suivent. Parmi les exemples notables :

• Republic Bank, qui a intégré le financement des infrastructures vertes portuaires dans sa stratégie de durabilité.

• La Catalytic Finance Foundation, qui lance un fonds dédié à la décarbonation des ports et des infrastructures maritimes.

• Un dialogue en cours avec le Global Green Growth Institute (GGGI) autour de mécanismes de financement spécifiques, comme les obligations bleues ou climatiques, pour soutenir des projets à l’échelle de l’écosystème portuaire.

Les villes portuaires génèrent un flux de projets aligné avec les attentes ESG (Environnement, Social, Gouvernance) des acteurs financiers.

La question n’est pas de savoir « combien faut-il investir pour réussir la transition », mais bien : comment structurer des modèles économiques pertinents pour assurer profitabilité et financement?

Des travaux sont actuellement en cours avec des ports comme le Port Franc de Riga, le Port de Bordeaux et le Port de Kribi, entre autres.

4. Premières conclusions et perspectives

La première phase de l’initiative permet d’affirmer que :

• La transition écologique des villes portuaires est indissociable de leur rôle moteur sur les plans économique et technologique.

• Leur capacité de gouvernance est un avantage compétitif qui leur permet d’orchestrer des transitions multisectorielles.

• L’intérêt manifesté par les acteurs financiers confirme l’attractivité croissante des villes portuaires et leur potentiel pour renforcer l’investissement privé.

Conclusion

Les villes portuaires sont idéalement positionnées pour piloter les transitions environnementales et sociétales. Leur capacité de gouvernance, leur rôle écosystémique et leur potentiel d’innovation en font des acteurs essentiels de l’action climatique et des cibles attractives pour les investisseurs privés et institutionnels.

La dynamique créée par l’initiative « Financer l’Innovation Maritime et les Infrastructures pour le Climat et l’Océan » sera pérennisée grâce au financement et au déploiement de projets concrets, en alignement avec les objectifs climatiques et sociétaux de long terme.