(In the cover photo above, Mr. Marc Eisma. Photo by Marc Nolte).

Nous avons récemment évoqué dans notre newsletter les initiatives prises conjointement par la Ville et le Port de Rotterdam pour protéger le territoire contre les inondations et l’élévation du niveau de la mer. Dans cet article, M. Marc Eisma, conseiller en gestion environnementale au Port de Rotterdam, nous explique de manière plus détaillée la stratégie d’adaptation suivie par le port et les principales mesures qui ont été prises.

Contexte

En raison du changement climatique, et en particulier de l’élévation du niveau de la mer, le port de Rotterdam et ses environs seront, dans les prochaines décennies, de plus en plus exposés aux risques d’inondations. Les scénarios climatiques actuels prévoient pour 2100 une augmentation du niveau de la mer comprise entre 35 cm et 1,10 m par rapport à 1990. L’ampleur des implications économiques attendues et la présence d’activités essentielles et vulnérables sur le domaine portuaire nous ont conduit à effectuer des recherches sur les conséquences de ce phénomène.

Les zones situées derrière les digues sont protégées par un système de remblais et de barrières. Ce n’est pas le cas des secteurs qui, comme le site portuaire de Rotterdam, se trouvent à l’extérieur du système de protection contre les inondations. Ici, les entreprises et les propriétaires d’équipement doivent eux-mêmes prendre des mesures destinées à limiter les conséquences des inondations. Ils sont aussi responsables des dommages subis.

Notre but est de veiller à ce que le port de Rotterdam reste un lieu sûr pour les entreprises. Nous cherchons à sensibiliser les entrepreneurs locaux aux menaces potentielles du changement climatique et sur la façon de ramener le risque d’inondation à un niveau acceptable.

Port site Kop van de Beer, Europoort. Danny Cornelissen. Provided by the Port of Rotterdam.

Notre port est résilient

Bien que le domaine portuaire soit largement situé en dehors du système de protection contre les inondations et qu’il soit ouvert sur la mer du Nord, il est actuellement assez bien protégé. La zone portuaire, construite plusieurs mètres au-dessus du niveau de la mer, est en partie équipée de barrages anti-tempête. Seules des conditions météorologiques extrêmes pourraient affecter un petit nombre d’entreprises. Cela ne s’est encore jamais produit.

Notre stratégie d’adaptation

Pour faire en sorte qu’à l’avenir le site portuaire continue de résister aux inondations, nous sommes en train d’évaluer les risques potentiels et nous réfléchissons à la façon de prévenir ou de ramener ces risques à un niveau acceptable. Nous cherchons à sensibiliser et responsabiliser davantage les utilisateurs du domaine. Sur la base de différents scénarios climatiques, nous développons, en collaboration avec la Ville de Rotterdam et d’autres structures gouvernementales, les entreprises et les entreprises de services publics une stratégie d’adaptation face au risque d’inondation. Nous évaluons les probabilités d’inondation et en mesurons les conséquences, nous soupesons les risques, dressons la liste des mesures appropriées et procédons à des choix.

Les secteurs portuaires suivant font ou ont fait l’objet d’une étude :

  • Botlek et Vondelingenplaat (achevée en 2017)
  • Secteurs Waalhaven et Eemhaven (achevée en 2018)
  • Secteur Merwe-Vierhaven (achevée en 2019)
  • Europoort (achevée en 2020)
  • Maasvlakte (en cours de réalisation, achèvement prévu courant 2021)

Nos stratégies d’adaptation comprennent trois types de mesures pouvant être combinées entre elles :

Les mesures préventives

Réduire le risque d’inondation par des mesures matérielles comme le réhaussement des barrières, terrains et berges (interventions sur les murs de soutènement et les murs de quai du secteur).

L’adaptation des espaces

Gérer le risque d’inondation par l’aménagement des sites et l’adaptation des équipements, par exemple en réhaussant les structures ou les sites vulnérables et en rendant les bâtiments et les équipements étanches.

La gestion de crise

Définir et mettre en place des mesures de gestion des crises et des catastrophes, suffisamment tôt pour garder le contrôle en cas d’inondation et garantir la reprise rapide des activités. Cette approche requiert l’élaboration de plans d’urgence, de relèvement et de gestion de crise, ainsi que la mise en place de structures d’urgence.

Aerial photo Theemwegtracé, Botlek. Danny Cornelissen. Provided by the Port of Rotterdam.

Le cadre d’évaluation

La méthodologie utilisée pour l’évaluation des risques est basée sur la mesure des conséquences associées aux pires et aux meilleurs scénarios de montée des eaux (voir schéma), selon une approche croisée. Les conséquences ont été classées en plusieurs catégories : les préjudices économiques, les dommages environnementaux, la mise en danger de vies humaines et les bouleversements sociaux. Ce cadre d’évaluation a été spécifiquement conçu pour le port.

Plusieurs ateliers ont été organisés afin d’évaluer la vulnérabilité de plusieurs installations et fonctions portuaires face au risque d’inondation venant de la mer. Les résultats indiquent que les principales conséquences d’une éventuelle inondation de ce type seraient économiques. Il s’agirait de dommages directs affectant les bâtiments, les structures et autres équipements, et de dommages indirects résultant de l’interruption des activités des entreprises et/ou de la sous-exploitation des infrastructures. Le risque de dommage environnemental serait limité et ce type d’inondation ne devrait pas provoquer de pertes humaines.

Dans certains cas, les dommages indirects ne se limiteront pas à la zone touchée. Les réactions en chaîne joueront ici un rôle important dans la mesure où la plupart des entreprises sont reliées entre elles via un réseau de gazoducs et les services publics. Les différentes activités ne sont pas simplement étroitement liées et interdépendantes au sein d’un même secteur touché, mais elles sont aussi rattachées à des activités présentes dans les zones portuaires environnantes et au-delà. Les préjudices économiques dépendront fortement du territoire affecté et du type d’entreprise concerné.

La surveillance

Nous avons utilisé les meilleurs modèles et données disponibles. Les différentes méthodologies suivies sont toutefois basées sur un certain nombre d’hypothèses et éléments à caractère provisoire. L’étude a été effectuée à partir de données relatives au niveau d’eau actuel, de données économiques, logistiques et d’autres éléments d’information destinés à orienter l’évaluation des risques et l’analyse coûts-avantages des différentes options envisagées. La modélisation hydrodynamique des tempêtes a également été réalisée dans le but de mieux décrire l’impact potentiel d’une inondation sur l’activité portuaire.


Aerial photo Maasvlakte, Danny Cornelissen. Provided by the Port of Rotterdam.

Conclusion du rapport sur la stratégie d’adaptation

Pour être efficace, une stratégie d’adaptation à l’échelle régionale doit allier mesures préventives, adaptation des espaces et intervention d’urgence, et chaque mesure doit tenir compte des caractéristiques spécifiques de chaque secteur (par exemple la probabilité d’inondation, les différentes activités présentes sur le secteur et les dynamiques du territoire).

Il ressort que les mesures décisives prises par le port de Rotterdam pour s’adapter au changement climatique vont lui permettre d’anticiper l’élévation du niveau de la mer et d’orienter la poursuite de son développement en conséquence. Le Port sera ainsi en mesure d’effectuer les investissements qui s’imposent pour continuer de résister aux inondations. Dans le même temps, d’autres initiatives engagées par le port de Rotterdam dans le domaine de la transition énergétique et de l’économie circulaire pour réduire son empreinte carbone contribuent à atténuer les effets du changement climatique.