Le Port Autonome du Centre et de l’Ouest est l’un des principaux ports de Wallonie (Belgique). Réparti en trois zones (Hainaut Occidental, Mons Borinage et le Centre), ce port est engagé depuis plusieurs années dans une collaboration étroite avec les collectivités de sa région sur des projets en faveur de la décarbonation des transports (objectif 3 de l’Agenda 2030). C’est pour mieux comprendre ces ambitions que nous avons souhaité interroger sa directrice, Madame Christelle Kozak.
Le Port Autonome du Centre et de l’Ouest rejoint notre association
AIVP – Vous venez de rejoindre l’AIVP. Pouvez-vous vous présenter brièvement aux autres membres de notre réseau international votre organisation ?
Christelle Kozak – Directrice du Port Autonome du Centre et de l’Ouest – Le port Autonome du Centre et de l’Ouest (PACO) est le plus jeune des 4 ports intérieurs de la Wallonie (Belgique).
Créé en 2000, il connait depuis sa création un essor important. En quelques chiffres, il dispose de 176 KM de voies navigables, plus de 72 Ha de zones portuaires, une quarantaine de concessions, 1 zone de tri modal (une seconde va être mise en service en 2022) et plus de 6.5 millions de tonnes transportées en 2021 malgré la crise.
Ceci rendu possible grâce à de nombreux projets menés en étroite collaboration avec le SPW- MI (service public de Wallonie, les intercommunales (IDEA, IDETA, IEG), les communes et bien sûr des acteurs industriels très engagés, à la fois dans l’utilisation de la voie d’eau, mais également dans les domaines de l‘économie circulaire, des énergies renouvelables, des stations multi carburants, et de l’écologie.
Il bénéficie, en outre de son étendue, d’opportunités foncières certaines, mais également d’une position géostratégique dans le maillage international grâce à sa jonction avec la France. Le projet canal Seine Escaut, et l’implication du service public de Wallonie dans la modernisation des écluses et l’élargissement des canaux, afin de favoriser le transport fluvial pour les grands gabarits ouvre certainement de grandes perspectives à une collaboration internationale pour le développement du trafic fluvial.
La valeur ajoutée de l’AIVP pour le Port Autonome du Centre et de l’Ouest
AIVP – Pourquoi avez-vous décidé de rejoindre l’AIVP ? Qu’attendez-vous de notre réseau international et que pouvez-vous apporter à l’AIVP ?
Christelle Kozak – Directrice du Port Autonome du Centre et de l’Ouest – Originaire d’une grande ville portuaire, l’AIVP était un acteur majeur connu pour moi ; diriger un port est un métier à part, qui nait d’une réelle volonté de s’impliquer dans la mise en place de solutions à la fois, pour la mobilité, et permettre à nos enfants d’avoir un avenir meilleur en œuvrant sur les problématiques essentielles de décarbonisation et réchauffement climatique inhérents.
Ceci dépasse de beaucoup le cadre national, et n’est possible qu’en joignant les efforts, idées et compétences de chacun dans des projets communs. La communauté d’experts de l’AIVP permet cette dynamique d’échanges et de partenariats internationaux et novateurs, dans laquelle la PACO s’inscrira avec ses compétences et connaissances.
Le potentiel du transport multimodal
AIVP – Vous semblez accorder beaucoup d’importance à la mobilité durable (objectif 3 de l’Agenda 2030) en promouvant le transport multimodal. Pourriez-vous nous présenter certains de vos projets qui soutiennent le transport multimodal et expliquer pourquoi c’est un sujet important pour vous ?
Christelle Kozak – Directrice du Port Autonome du Centre et de l’Ouest – Effectivement, le PACO s’implique énormément avec le gouvernement wallon, dans le développement du transport multimodal. Non seulement pour la réduction du nombre de véhicules sur les routes, mais aussi en faveur du transport fluvial.
Le transport fluvial est un complément au transport routier et ses impacts sur la réduction des émissions de CO2 sont non négligeables.
Pour rappel : au niveau mondial, la production d’énergie est responsable de 37% des émissions globales anthropogéniques de CO2, tandis que la part de l’industrie s’élève à 22%, celle du résidentiel et tertiaire à 13%. Le transport quant à lui représente environ 25% des émissions de CO2. Le résultat est frappant si l’on utilise la voie d’eau : à partir de 10 tonnes, par exemple sur 300 km, le coût du carburant et les émissions de CO2 diminuent de 30 à 40%.
1 convoi fluvial représente environ 250 camions en moins sur la route.
Mais c’est encore une fois l’alliance des différents modes de transports et de leurs acteurs qui permettra d’avoir un impact important sur les problématiques mentionnées.
Aujourd’hui le PACO dispose de 2 terminaux multimodaux. Le plus ancien, sous concession de Duferco, draine plus de 600.000 tonnes par an. La signature de contrats commerciaux récents avec des sociétés très impliquées dans les nouvelles technologies et l’énergie verte, comme Weerts, fera l’objet d’un grand projet de modernisation, PACO 4.0 afin d’en faire un fleuron écologique et technologique de multimodalité.
Le second, situé à Baudour, et né de l’étroite collaboration avec l’intercommunale IDEA et Infrabel (gestionnaire public des voies ferrées en Belgique) va entrer en fonctionnement cette année.
Nous aiderons nos concessionnaires à être des modèles d’économie circulaire, et ces derniers sont tous très impliqués comme le groupe Dufour à Vaux ou Holcim pour en citer quelques-uns. Ce dernier mène en ce moment le projet GO4ZERO pour intégrer des nouvelles technologies d’optimisation du processus de production cimentière.
Nous les aiderons aussi en matière d’énergies renouvelables et de verdissement de la flotte, par l’utilisation de moyens de manutention électriques.
La transition énergétique : 100 climate-neutral and smart cities by 2030
AIVP – Dans le cadre du programme 100 climate-neutral and smart cities by 2030, la Commission européenne a ouvert des opportunités de financement pour la transition énergétique (objectif 2 de l’Agenda 2030). Quels projets comptez-vous soumettre à la commission pour profiter de ces financements ? Seront-ils une poursuite du travail effectué dans lors du projet SMART TRACK 4 WATERWAY ?
Christelle Kozak – Directrice du Port Autonome du Centre et de l’Ouest – Comme déjà mentionné, le PACO sera très actif dans les domaines des émissions de CO2, de l’économie circulaire et des énergies renouvelables. Il compte passer à des concessions plus passives et dotées d’une autonomie maximale en en énergie verte.
Plusieurs projets sont à l’étude :
- Le projet 4.0 déjà mentionné dont une des phases est la transition énergétique
- Le projet station multi carburants.
- Un projet de logistique urbaine à Tournai en collaboration avec la Ville et le SPW
- Un projet à Comines avec l’IEG (intercommunale)
- Et bien évidement poursuivre le projet ST4 Waterway.