Cover photo: Tagus estuary, in Lisbon, Portugal. Photo by Bernardo Ferreira (BernardoUPloud), in Pixabay

Des recherches récentes publiées par des organisations internationales liées aux Nations unies, comme le GIEC, indiquent que le niveau des mers pourrait augmenter de 61 à 110 cm d’ici à 2100, par rapport à 1990. Cela signifie que les zones côtières, où la pression démographique est également plus forte, seront encore plus vulnérables aux événements climatiques extrêmes, tels que les inondations. Ce phénomène peut avoir des conséquences dévastatrices pour les villes portuaires, où sont hébergées, outre d’importantes concentrations de population et de richesse, des fonctions essentielles au fonctionnement de l’économie mondiale. C’est pourquoi l’adaptation au changement climatique est l’objectif numéro un de l’Agenda 2030 de l’AIVP pour les villes et les ports.


Préparer les ports et les villes portuaires au changement climatique : Atténuation et adaptation

Pour répondre à ce défi, comme le souligne le professeur Austin Becker dans cet article, une double stratégie doit être développée. D’une part, il faut intensifier les efforts pour réduire ou éliminer les émissions polluantes qui contribuent au réchauffement climatique. D’autre part, il faut prendre des mesures claires pour adapter les territoires côtiers à ces nouvelles conditions qui vont s’intensifier dans les prochaines décennies. Des cas innovants tels que San Diego, eThekwini, Dunkerque, Le Havre, Trois Rivières ou Rotterdam, mènent ces efforts d’adaptation et d’atténuation du changement climatique, comme nous le verrons dans ce dossier.

Construire avec la nature : des solutions pour s’adapter au changement climatique dans les territoires Ville Port

Pour protéger les territoires côtiers, il est également possible de trouver des solutions alternatives, qui peuvent être basées sur la nature. Dans son article, M. Erik van Eekelen explique que “Building with Nature” est une approche conceptuelle visant à créer, mettre en œuvre et développer des solutions basées sur la nature pour les infrastructures liées à l’eau. Cependant, comme il le souligne, cela nécessitera un changement complet dans la façon de penser, d’agir et d’interagir.

Marconi waterfront development, Gemeente Delfzijl, The Netherlands. EcoShape
Marconi waterfront development, Gemeente Delfzijl, The Netherlands. EcoShape


San Diego: résister aux phénomènes climatiques extrêmes d’ici 2035

Les solutions fondées sur la nature sont également utilisées à San Diego. Dans ce port américain, des projets pilotes sont en cours d’élaboration. Ils associent la protection du littoral à l’amélioration de la biodiversité locale dans de nouveaux récifs. Dans l’interview de M. Michael Zucchet, nous pouvons voir comment cette ville portuaire sera plus résistante à l’élévation du niveau de la mer et aux phénomènes météorologiques extrêmes à long terme.

eThekwini : une prévention originale face aux risques naturels

Les efforts d’adaptation des territoires côtiers à l’élévation du niveau de la mer doivent être complétés par des systèmes d’alerte précoce. Ces derniers doivent permettre à la population et aux entreprises de se préparer à l’impact d’une tempête, en s’appuyant sur des systèmes de données innovants qui améliorent les prévisions et facilitent la gestion de ces événements, comme c’est le cas à eThekwini (Durban) en Afrique du Sud, expliqué dans l’interview du Dr Andrew Mather.

Le waterfront de Durban, très exposé aux submersions. (© wikipedia commons)


La gestion du risque d’inondation dans le port de Rotterdam

À Rotterdam, l’autorité portuaire développe depuis des années une stratégie visant à assurer la résilience de son territoire face aux inondations et à l’élévation du niveau de la mer. Cette stratégie combine des projets d’ingénierie à grande échelle, tels que la barrière de Maeslant ou la construction de zones portuaires surélevées de 3 à 6 mètres au-dessus du niveau de la mer, avec des programmes de sensibilisation des entreprises portuaires aux menaces posées par le changement climatique et la gestion des risques d’inondation. Comme l’explique M. Marc Eisma, cette stratégie est développée en collaboration avec le conseil municipal et d’autres institutions à l’échelle régionale, y compris des accords spécifiques. Ces accords permettent une plus grande coopération institutionnelle pour évaluer les risques et définir de nouvelles mesures, en analysant les différentes zones du port de Rotterdam, qui, rappelons-le, est un territoire s’étendant sur plus de 40 km.

Les îles du Sud-Ouest de l’océan Indien face à l’élévation du niveau de la mer

Les effets de la hausse du niveau de la mer seront encore plus extrêmes et dévastateurs dans des zones telles que les îles du sud-ouest de l’océan Indien, qui seront partiellement submergées, y compris plusieurs zones portuaires. L’urgence d’agir est évidente, les preuves scientifiques sont plus que suffisantes, comme l’explique l’article de M. Jean-Marc Beynet. Nous avons vu plusieurs façons d’agir, mais il ne faut pas oublier que simultanément, il est nécessaire d’investir dans d’autres initiatives qui contribuent à atténuer le changement climatique et ses conséquences dévastatrices, en misant sur la transition énergétique vers des carburants durables.

Réunion, littoral ouest (© JM. Beynet)

Comment adapter les villes portuaires au changement climatique. Défis et solutions.

Le webinaire de février était consacré à l’adaptation au changement climatique, et a été préparé avec le soutien du Cerema. Des intervenants de Dunkerque et du Havre Seine Métropole, en France, et de Trois-Rivières, au Canada, nous ont fait part des dernières recherches sur ce sujet et des projets qu’ils développent pour accroître leur résilience.